Du dévouement à l’exploitation en milieu associatif

Dans Te plains pas, c’est pas l’usine. L’exploitation en milieu associatif, Lily Zalzett et Stella Fihn, deux salariées du secteur associatif, nous éclairent sur un milieu aux fonctionnements semblables à ceux du secteur privé.

On a tendance à penser le milieu associatif comme l’incarnation de valeurs allant à l’encontre de la recherche du profit. Naïvement, on peut croire que les enjeux de domination n’y ont pas place. Pourtant, les auteures de ce livre nous offre une autre peinture, bien moins reluisante, du milieu associatif.

Dépendance à l’Etat

Les auteures introduisent leur réflexion en abordant la structure associative. Elles soulignent la dépendance des associations au pouvoir étatique. Elles montrent que cela va parfois à l’encontre des politiques des associations.

Pour survivre, les associations dépendent des subventions versées par l’Etat. Elles se retrouvent dans une logique de marché, répondant à des appels d’offre lesquels ne dépendent que des politiques publiques sans cesse mouvantes. Les structures associatives doivent s’adapter aux exigences changeantes de l’Etat.

Un secteur précaire

Si le secteur associatif compte de nombreux volontaires, bénévoles, il propose une myriade d’autres statuts ! Au-delà du salaire, les statuts restent cependant précaires.

On observe par exemple, comme dans beaucoup de secteurs, une hausse des statuts d’auto-entrepreneurs. Ce statut, bien qu’il offre une flexibilité et un sentiment d’être son propre patron, revêt des inconvénients bien réels : le licenciement sans préavis en est un parmi d’autres.

Les auteures reviennent sur le statut de service civique qui, vendu comme une « chance », n’est finalement qu’un emploi déguisé.

Le côté éphémère de ces contrats est pointé à juste titre: comme dans le secteur privé, on a affaire à des prises de décisions à court-terme.

Culpabilisation, contradictions, domination

A la lecture de Lily Zalzett et Stella Fihn, on retiendra l’importance de la notion de dévouement. En effet, les auteures insistent sur l’engagement et la motivation des acteurs du milieu associatif, lesquels croient profondément aux valeurs, à la « cause » de l’association.

Ce dévouement entraine cependant un mode de travail semblable à celui qu’on trouve dans le secteur privé : stress, heures supplémentaires etc.

Derrière une certaine coolitude, les volontaires et les salariés sont soumis à une responsabilisation et une culpabilisation.

Plus grave encore, les auteures observent une reproduction de la logique de domination. Cela passe notamment par l’embauche, dont elles soulignent le caractère insidieux : embaucher un Noir pour représenter le « grand frère » dans un quartier, n’est-ce pas une manière de remplir les quotas ?

Elles relèvent une certaine contradiction entre les valeurs affichées de l’association et les faits. L’embauche qui est censée permettre de dépasser les dominations (raciales, sexuelles, sociales) à l’œuvre dans l’espace public, se retrouvent dans les postes proposés.

Si en façade, l’association apparait comme une famille, les rapports hiérarchiques s’y observent cependant. Au sein de l’association, tous sont soumis aux décisions d’en haut (l’Etat), mais les répercussions ne sont pas les mêmes pour chacun. Sans surprise, elles sont plus dures pour ceux « d’en bas ».

Ce livre a pour vocation de faire reconnaitre le travail associatif. Si l’analyse des auteures est assez sombre, leur message est plein de lutte et d’espoir : arrêtons de cliver les travailleurs et les bénéficiaires et luttons ensemble contre l’exploitation 🦾!

L’actualité bandes dessinées : les 3 meilleures BD à lire en Janvier 2021

meilleures BD

Bonne nouvelle, 2020 est enfin derrière nous. Bon, vous me direz, entre l’invasion du Capitole aux États-Unis, le virus mutant, le potentiel reconfinement slash couvre feu… Cette nouvelle année n’est pas de tout repos pour l’instant. Pour vous détendre et vous relaxer, quoi de mieux qu’un peu d’humour en BD !

Découvrez notre sélection des meilleures bandes dessinées à dévorer en janvier.

La BD de sortie : Il faut flinguer Ramirez, Tome 1 et 2

Dans un style ’80 incroyablement recrée, la BD de Nicolas Petrimaux nous plonge dans la vie du meilleur réparateur d’aspirateur, travaillant chez Robotop, Jacques Ramirez.

il faut flinguer ramirez

Muet, gentil et discret sont les adjectifs qui le décrivent le mieux, mais que se passerait-t-il selon vous si derrière ce masque d’homme à la vie paisible se cache l’un des plus grands malfrats du monde ?

Ne manquez pas cette BD chasse à l’homme teintée d’humour, à l’univers Tarantinesque.

Des dessins carrément jouissifs et des fausses pubs à foison qui nous tordent de rire.

SUBLIME.

La BD classiquissime : la saga Rahan

Quel plaisir que de replonger dans une saga iconique…

Ce  héros atypique aux multiples aventures tout droit sorti de la préhistoire, apparu pour la première fois dans les pages de Pif Gadget, Rahan, s’avère un formidable personnage de BD qui compte bien nous apprendre les bases du vivre ensemble.

rahan

Les histoires de Rahan, quoiqu’assez concises, marquent notre esprit et nous guide sur les chemins d’un apprentissage de la vie unique en son genre. Une BD au top !

La BD biographique : Comme On Peut

Écrite par le vidéaste Jhon Rachid et mise en dessin par L-Kim, cette BD nous conte la jeunesse atypique et parfois triste de Mohamed Ketfi (alias Jhon Rachid) en foyer.

Les dessins de cette BD, tous très originaux, captent avec brio les émotion ressenties à différents moments de la vie de ce jeune garçon, qui a grandi loin de ses parents, parce que pauvre.

Pour ma part, j’ai réellement été scotché en lisant les trois premiers tome et j’attend avec impatience la suite d’une jeunesse pas tout à fait comme les autres.

comme on peut

Et vous, quelle BD lisez-vous ? 😉

Pourquoi vous devez ABSOLUMENT lire I’m Every Woman, de Liv Strömquist !

i'm every woman

Je ne sais pas vous, mais j’ai kiffé mes cadeaux de Noël ! Cette année, j’avais demandé des livres portés sur le féminisme. Ma soeur adorée m’a donc offert I’m Every Woman, de Liv Strömquist que j’ai dévoré en une demi-heure.

Et c’est reparti pour une sélection d’arguments en béton, qui je l’espère suffiront à vous convaincre de lire cette BD… Ou devrai-je dire, cette pépite !

Parce que vous allez découvrir Chaka Khan 

À l’origine du titre de cette bande-dessinée, I’m Every Woman est un titre de la chanteuse américaine Chaka Khan, sorti en 1978. Or, vous ne pouviez pas nécessairement la connaître, si comme moi vous n’avez pas grandi dans les années 80.

Étant donné que l’ouvrage commence par cette référence, vous êtes bel et bien invitée / invité à découvrir cette artiste, grâce à Liv Strömquist. Vous n’allez pas le regretter !

I’m Every Woman – Les paroles

I’m every woman, it’s all in me
Anything you want done, baby
I’ll do it naturally
I’m every woman, it’s all in me
I can read your thoughts right now
Every one from A to Z
(Woah, woah, woah)
(Woah, woah, woah)
I can cast a spell
Of secrets you can’t tell
Mix a special brew
Put fire inside of you
But anytime you feel
Danger or fear
Instantly I will appear, ’cause
I’m every woman, it’s all in me
Anything you want done, baby
I’ll do it naturally
(Woah, woah, woah)
(Woah, woah, woah)
I can sense your needs
Like rain unto the seeds
I can make a rhyme
Of confusion in your mind
And when it comes down
To some good old fashioned love
That’s what I’ve got plenty of, ’cause
I’m every woman, it’s all in me
Anything you want done, baby
I’ll do it naturally
I’m every woman, it’s all in me
I can read your thoughts right now
Every one from A to Z
(Woah, woah, woah)
(Woah, woah, woah)
I ain’t braggin’ ’cause I’m the one
You just ask me ooh and it shall be done
And don’t bother to compare
‘Cause I’ve got it
I’ve got it, I’ve got it, yeah, I…
I’m every woman

Parce que vous découvrirez Priscilla Beaulieu

Enfant, vos parents s’égosillaient sur du Elvis Presley à vous en faire perdre la tête ?Pensez-vous que ces derniers aient jamais pris connaissance de l’existence de Priscilla Presley, l’unique épouse du King ?

priscilla presley

Née Priscilla Ann Wagner à Brooklyn (NY) en 1945, et plus connue sous le nom de Priscilla Beaulieu, celle-ci rencontre Elvis Presley alors qu’elle n’a que 14 ans. Complètement fan de cette star internationale du Rock’n’roll, elle s’arrange pour aller le voir dans sa demeure, histoire de passer un moment inoubliable avec son idole.

Le grand Elvis Presley flash immédiatement sur elle [oui elle n’a toujours que 14 ans], et à cet instant commence une histoire d’amour pour le moins insolite. Ayant tout de même connaissance d’un certains nombres de lois interdisant les relations entre majeurs et mineurs, il se dit : tiens, et si je me la gardais pour plus tard.

En attendant de pouvoir enfin la fréquenter librement et de l’épouser, M. Presley décide de la cloîtrer à Los Angeles, en vue d’en faire une femme « parfaite» selon lui, c’est-à-dire une « sainte». Puis, il la relooke, lui met du fard sur les yeux, la transforme de la tête aux pieds… En d’autres termes, il la prend pour sa barbie. Priscilla, elle, n’y voit d’abord que du feu, elle est tellement folle de lui qu’elle ferait n’importe quoi pour lui plaire.

Néanmoins, en 1964, sa flamme en prend un sacré coup lorsque le King la trompe avec la chanteuse Ann Margret. Elle lui en veut un chouya, en sachant qu’elle, pendant tout ce temps, s’était pleinement dédiée à la chasteté.

« Et alors ?!» S’est-elle sans doute écrié peu après. « Je l’aime !»

Ainsi, Priscilla Beaulieu épouse Elvis Presley en 1967 à Las Vegas. En 1968, naît leur fille, Lisa Marie Presley, à Memphis. Mais le Roi n’est toujours pas rassasié, s’ennuit de sa femme qu’il trouve désormais trop âgée, et de sa fille dont il ne se soucie guère. Il tire sur des téléviseurs, prend des somnifères, et délaisse Priscilla plus que jamais.

Elvis Presley la trompe encore, à de nombreuses reprises, tout en faisant mine d’éduquer leur fille, à coup de voyages, de rencontres diverses et variées. Pour sa fille, Priscilla se plie aux exigences du King, quitte à faire croire qu’elle est parfaitement heureuse au sein de son couple, et ce devant les paparazzi.

Ce n’est qu’en 1972 que Priscilla Beaulieu demande enfin le divorce !

Ce qui lui vaut d’être vivement critiquée, et même haïe par les fans hystériques, les médias, et en somme, le monde entier.

Une vie pas facile, me direz-vous…

Parce que même Britney Spears va vous faire réfléchir

Quand on pense à Britney Spears, on imagine d’abord une jeune fille à couettes sur un album mondialement streamé. On se souvient d’une musique phare, Oops I did it again, ou encore Baby one more time

Très vite, cette image de jeune fille blonde, sexy, et « innocente»  disparait pour laisser place à la Britney Spears scandaleuse, celle qui s’est rasé le crâne, va savoir pourquoi.

Mais oui au fait, pourquoi ?

Liv Strömquist vous propose des éléments de réponse en relatant quelques faits.

Hypothèse N°1 : elle en avait peut-être assez des rumeurs qui circulaient à son sujet. Notamment celle lancée par son propre petit ami en 2004,  Jason Alexander, qui ne s’est pas gêné pour raconter les moult positions sexuelles testées avec elle, juste parce que ce dernier était frustré de voir son mariage avec Britney Spears annulé par les avocats de Jive Records, le label de la chanteuse.

Hypothèse N°2 : elle en avait peut-être marre des petits amis tout court, de ces mecs puant l’après-rasage, prêts à tout pour l’impressionner, à bord de leur lamborghini, vêtus de leurs plus beaux costards, sabrant des bouteilles de champagne hors de prix. Peut-être qu’elle voulait un peu de réalité dans son monde de Mickey.

Hypothèse N°3 : peut-être venait-elle de découvrir que le mythe de l’amour parfait, c’est vraiment bidon, et que le prince charmant n’existe pas, alors même que toute sa vie, elle a été entraînée à déclamer des paroles cucul la praline.

Parce que vous saurez tout sur les pires petits amis…

… De l’Histoire.

De Edvard Munch à Phil Spector en passant par Percy Shelley, Mao Zedong et Ingmar Bergman, on en apprend de belles sur les relations des personnalités masculines de tous horizons.

Entre narcissisme, possessivité, jalousie et tromperies, les pires petits amis de l’Histoire vous feront sans doute soupirer de soulagement à la simple idée que vous ne les ayiez jamais connu. Et c’est certainement mieux comme ça !

Auriez-vous préféré être la petite amie de Staline, Nadejda Allilouïeva-Staline, et ainsi passer votre vie à tenter de représenter un modèle idéal de partenaire bolchévique, dès l’âge de trois ans ? Vous marier à 18 ans avec un homme de 41 ans ?

Nadejda Staline

Songez-vous à la gloire et la joie qu’une relation avec Munch aurait pu vous procurer ? Oubliez cette idée. Après avoir lu les détails sordides de sa relation avec Tulla Larsen, que le peintre accuse de lui avoir transmis de mauvaises énergies, lesquelles l’auraient contraint à se tirer dans le doigt… Vous n’aurez plus envie d’être la muse de qui que ce soit. Et d’ailleurs, à propos de cet incident, c’est le peintre lui-même, ivre, qui l’a provoqué de son plein gré après une énième dispute avec sa compagne…

Parce que vous cesserez de détester Yoko Ono

Depuis des années, lorsque je regarde un documentaire sur les Beatles, je ne peux m’empêcher de penser : Mais cette Yoko Ono, qu’est-ce qu’elle faisait là ? Elle ne pouvait pas vivre sa vie de pacifiste ailleurs, sans déranger les scarabées ?

En lisant les dernières lignes de I’m Every Woman, j’ai pris conscience que j’émettais jusqu’ici des jugements de valeur gratuits à son encontre. D’accord, sa présence a tellement perturbé John Lennon que tous les journaux se sont écriés « Yoko provoque la fin des Beatles !», sans réfléchir deux secondes aux problèmes de dépendance affective de John Lennon : il l’appelait tout de même maman. On en est là !

Si malgré toutes ces contraintes oedipiennes, Yoko Ono reste forte et continue à fréquenter John Lennon, au bout d’un certain temps elle se lasse sérieusement et repense à son art. Oui, à son art, car à l’origine, Yoko Ono est l’inventrice du concept d’installation comme expression artistique. C’est d’ailleurs suite à l’une de ses installations (une échelle menant à un pense-bête sur lequel il est écrit Yes) que John Lennon la remarque et n’en démords plus. Ils se séparent enfin après avoir finalement réussi à créer et à faire de la musique indépendamment l’un de l’autre, et après avoir conçu… un fils. Une fois séparés, Yoko Ono s’est dit : Enfin Libre !

Fans imperturbables du chanteur, les journaux n’ont pas apprécié cette rupture, et ont choisi d’ériger des portraits racistes et peu flatteurs de Yoko Ono. Selon les journalistes, Yoko Ono n’a été que la « salope asiatique qui a dissous les Beatles».

Yoko Ono John Lennon

Après avoir lu la BD de Liv Strömquist, je vous souhaite de réfléchir, et de reconsidérer l’Histoire sous un autre angle.

Celui des femmes de…, des femmes oubliées, qui méritent, pourtant, tout notre intérêt.

 

 

 

Femmes écrivaines, pseudos masculins

écrivaines

Les grands noms de la Littérature perturbent parfois le lecteur. Entre les noms de plume, les noms d’emprunt, les noms qui sonnent masculins mais qui désignent en réalité des femmes, et inversement… difficile de s’y retrouver ! Et pour cause, au travers des siècles, de nombreuses femmes ont pris la plume et opté pour un patronyme masculin. Pourquoi donc ont-elle choisi de changer leur identité ?

Avant de publier ses romans sous le nom de Colette, notre écrivaine préférée se faisait passer pour son mari, Henri Gauthier-Villars, dit Willy. Ce dernier, surpris par ses talents d’écriture, n’hésita pas à en tirer profit pour accroître sa propre renommée littéraire. Ce n’est qu’après leur divorce en 1906 que Colette signa enfin ses ouvrages de son nom.

Si la séparation lui servit de déclic pour sortir de l’ombre, d’autres femmes de Lettres ont cheminé différemment tout au long de leur vocation littéraire. Alors qui sont-elles, et quels furent les arguments qui les poussèrent à écrire sous un autre nom ?

Découvrez notre sélection d’écrivaines aux multiples facettes.

George Sand, l’immortelle

C’est à la mort de George Sand en 1876, que Victor Hugo la qualifia d’immortelle. L’écrivaine naquit Amantine Aurore Lucile Dupin, à Paris en 1804.

georges sand

Originaire du Berry, Georges Sand avait des amis paysans avant de découvrir l’aristocratie parisienne. Elle avait donc connaissance de l’univers folklorique du monde rural, mais n’était pas dupe des manières de Paris. Elle resta toute son existence très attachée à sa région natale.

D’ailleurs, elle s’amusait volontiers des clichés de la capitale, fumait le cigare, portait des pantalons…

Une écrivaine « scandaleuse » pour l’époque

George Sand attisait la curiosité de ses confrères, ce qui ne manquait pas de la divertir. Balzac la détestait, et alla même jusqu’à la transformer en personnage dans ses romans, en inventant notamment le terme sandinisme, pour qualifier toutes les femmes qui seraient tentées comme elle de se déguiser en hommes pour vivre une vie d’indépendance et jouir d’une grande liberté.

Vivement critiquée par d’autres écrivains non moins célèbres, Lautréamont disait de George Sand qu’elle était un hermaphrodite circoncis, Jules Renard la traitait de vache à romans, Baudelaire de Latrines

Son entrée fracassante dans le petit cercle très fermé des Lettres parisiennes a sans nul doute créé le scandale.

Changer de nom pour obtenir plus de reconnaissance

George Sand choisit son pseudonyme à 27 ans. C’est à partir de cette invention qu’elle construisit non seulement sa carrière littéraire, mais qu’elle transforma également sa personnalité, et même sa vie entière.

Plus tard, ses enfants et petits-enfants porteront à jamais ce matronyme de Sand, sorti tout droit d’une influence a priori britannique.

Son objectif initial ? Être prise au sérieux par le monde littéraire tout entier, et par ses lecteurs.

Il y avait donc à l’origine de cette mutation un désir d’indépendance très fort, puisqu’elle parvint à asseoir son style et à bâtir sa renommée par le biais d’une fausse identité.

Lutter contre les injustices liées aux femmes

À l’époque, et finalement, comme aujourd’hui, être une femme c’est risquer de se faire aborder dans la rue par d’étranges inconnus, des malotrus qui ne voient en ces dames que des jupes frémissantes, afin de nouer d’éventuels rapports charnels.

Ces accosteurs du dimanche, George Sand les abbhorait. Sillonnant les rues, elle s’en agaçait au quotidien, et ne se sentait pas libre de se promener comme n’importe quel homme de sa ville.

Or, la liberté lui était si chère, qu’elle préfèra revêtir des habits d’homme pour enfin avoir la paix.

Sa vie ne fut pas facile, mais elle la maîtrisait tant bien que mal. De nature optimiste, elle était fière de son parcours, et ne souhaitait l’échanger pour rien au monde.

georges sand

Je ne suis pas de ces femmes qui abordent l’injustice avec un visage serein.

George Eliot, la réaliste victorienne

Tiens, revoilà George ! [un peu d’humour pardi.]

Peu connue du grand public, les oeuvres de George Eliot sont encore étudiées dans le milieu universitaire, et continuent de fasciner les passionnés de littérature britannique.

George Eliot

George Eliot, née Mary Ann Evans en 1819 dans le Warwickshire en Angleterre au sein d’un milieu modeste, était une des plus grandes écrivaines de l’ère victorienne (1837-1901). Elle portera toujours dans son coeur les Midlands, dont elle était originaire. Elle a été marquée à vie par son enfance en milieu rural (tout comme George Sand). Le décès de sa mère survint alors qu’elle n’avait que 16 ans, c’est peut-être ce qui explique la complexité du thème de la maternité dans ses romans. Son père, quant à lui, donna une excellente éducation à sa fille, car il la savait surdouée, curieuse par nature, et avide de lecture

Une femme timide, une écrivaine déterminée

Connue pour son oeuvre Middlemarch, dans lequel George Eliot décortique la vie de province, Mrs. Evans alias Eliot a vécu une existence qui pourrait s’apparenter à un roman. C’est d’ailleurs ce qu’en a fait sa biographe en chef, Kathy O’Shaughnessy, dans son livre Une passion pour George Eliot.

Paradoxale, Mary Ann Evans était une femme à la fois extrêmement confiante, mais aussi très vulnérable. Très timide, sujette aux migraines, elle avait souvent besoin d’être rassurée dans son travail littéraire. Son partenaire, George Henry Lewes, l’a à de nombreuses reprises encouragée à s’affirmer, et c’est bien grâce à lui que George Eliot écrivit ses premières nouvelles et son premier roman, qu’elle commença à l’âge de 37 ans seulement.

Physiquement, elle n’était pas à son avantage… Pour ne pas dire qu’elle manquait cruellement de beauté. Toutefois, son entourage lui trouvait une voix et un regard fascinants. Ces traits physiques désavantageux l’ont conduit à se construire une personnalité masquée, pour pouvoir vivre sereinement en société.

Virginia Woolf (elle-même !), avait conscience de sa laideur, et disait d’elle :

George Eliot n’était pas charmante, elle n’était pas très féminine, elle ne possédait aucune de ses excentricités et de ces irrégularités de caractère qui donnent à tant d’artistes la séduisante simplicité des enfants. Mais si nous examinons ses portraits de plus près, nous verrons que ce sont tous des portraits d’une femme célèbre d’âge mur, vêtue de satin noir sortant en Victoria. Une femme qui a achevé son combat et en est sortie avec un profond désir de se rendre utile à autrui […].

À propos de son chef-d’oeuvre (Middlemarch), Virginia Woolf disait également qu’il s’agissait de :

L’un des rares romans anglais écrits pour les grandes personnes.

Son deuxième roman, Adam Bede fut salué par Dickens, et connut également un immense succès.

Partir pour devenir libre et indépendante

Quand son père décéda en 1849, elle avait 30 ans. Si cette triste nouvelle lui donna du chagrin, elle considéra sa mort comme une sorte de délivrance puisqu’elle décida de vivre en totale indépendance. En effet, lorsque son frère lui proposa de venir habiter chez lui, elle refusa, et se mit en route pour Londres. Grâce à son héritage, ses finances étaient plutôt stables, mais elle se fit la promesse de travailler une fois arrivée à la capitale.

Sur place, elle rencontra son éditeur, J. Chapman. Elle devint son assistante, tandis qu’en parallèle elle publia beaucoup d’essais, et de textes littéraires. Elle fit de nombreuses rencontres exaltantes et productives malgré sa timidité maladive, dont le grand amour de sa vie, George Henry Lewes, qui était à l’époque un homme aux multiples facettes (philosophe, écrivain, critique de théâtre…) et qui comme elle n’avait pas été gâté par la nature sur le plan physique.

Si au moment de cette rencontre, il était déjà marié, il ne pouvait pas demander le divorce et acceptait indifféremment les liaisons de sa femme. Il n’était finalement engagé que sur le plan légal et s’autorisait à fréquenter qui bon lui semblait, mais la société n’approuvait pas sa relation avec George Eliot. Celle-ci paraissait scandaleuse à l’époque, ce qui valut à l’écrivaine d’être jugée très sévèrement par la société victorienne, mais aussi par sa famille : à cause de ce « scandale », son frère ne lui adressa plus jamais la parole.

Choisir un autre nom pour être lue et entendue

À partir de cet écho, Mary Ann Evans, déjà devenue Marian à Londres, fut considérée comme déchue. Sa relation avec Lewes, vivement critiquée, la marginalisa de la société londonienne. Humiliée, elle décida de s’affirmer et de signer tous ses documents « Marian Lewes », pour mieux prouver l’affection qu’elle portait à son mari d’adoption, et se rebeller contre tous ceux qui la fustigeaient.

En outre, M. Lewes la protégea toute sa vie face aux critiques. Il croyait et l’encouragea à écrire la conversion de Jeanne, et scènes de la vie du clergé sous un nom de plume : George Eliot.

Portrait de George Eliot

Il existe plusieurs hypothèses liées à ce nom : George, après tout, était le nom de son mari, qu’elle aimait tant, et réciproquement. Seconde hypothèse : elle admirait également George Sand, qu’elle avait beaucoup lue et connue puisqu’elles vivaient à la même époque.

Il plane toutefois un dernier mystère.

POURQUOI ELIOT ?

À vos hypothèses !

Laurent Danielle, la muse clandestine d’Aragon

Née en 1896 à Moscou de parents juifs, Elsa Triolet s’appelait en réalité Ella Yourievna Kagan.

elsa triolet

Sa soeur Lili, n’est nulle autre que Lili Brik, l’actrice et la réalisatrice avant-gardiste, la muse de Maïakovski.

Dans son enfance, la petite Elsa ne se sentait pas aimée, et jalousait sa soeur, qui toutefois la fascinait. Après de brillantes études d’architecture, un apprentissage approfondi du piano, elle voyagea avec sa mère et sa soeur un peu partout en Europe à la recherche d’aventures liées aux arts et à la musique.

Une muse voyageuse

En 1917, elle rencontra André Triolet, qui était en poste à Moscou en tant qu’officier français. Sa vie de couple fut malheureuse et surtout très ennuyeuse pour Elsa. Elle décida de quitter son mari en 1921, pour continuer à voyager à Londres, à Berlin où elle rencontra Victor Chklovski qui publia leurs échanges épistolaires Zoo, lettres qui ne parlent pas d’amour ou la Troisième Héloïse. Gorki lut ces derniers et encouragea Elsa à écrire. À Paris, elle logea à Montparnasse, et se mêla aux personnalités de son quartier et de son temps, dont Marcep Duchamp ou encore Man Ray.

Inspirée, elle écrivit son premier livre, À Tahiti, publié en 1925, puis bientôt Fraise des bois (qui était son surnom lorsqu’elle était enfant), sorti en 1926.

Résister en diffusant la presse : sa contribution personnelle

Ce n’est qu’en 1928, à Paris, que l’ancienne madame Triolet fit la connaissance de Louis Aragon, avec qui elle se maria quelques années plus tard, en 1939.

Pendant la Seconde Guerre Mondiale, elle aida son mari et participa à la Résistance, à travers des enquêtes de presse, et en contribuant notamment à diffuser les journaux La Drôme en Armes et Les Étoiles.

La première femme à recevoir le prix Goncourt

Entrée en clandestinité en 1943, elle parvint à publier sa nouvelle Les Amants d’Avignon, sous le nom de Laurent Danielle, en hommage à Laurent et Danielle Casanova, déportés à Auschwitz.

Cette nouvelle et trois autres furent rassemblées et publiées dans un recueil, Le Premier Accroc Coûte Deux-Cents Francs, grâce auquel elle reçut le prix Goncourt en 1945. Elsa Triolet fut donc la première femme à recevoir ce prix. Quant au nom du recueil, il annonçait en réalité le débarquement des troupes alliées en Provence, plus connu sous le nom de code Anvil* Dragoon**.

aragon triolet

*Anvil : enclume en anglais

**Dragoon : contrainte (car Churchill estimait qu’il y avait été forcé, contraint).

Daniel Lesueur, la prolifique

Alice Jeanne Victoire Loiseau naquit en 1854, aux Batignolles-Monceau d’un père lyonnais et d’une mère irlandaise.

jeanne loiseau

Une littéraire invétérée

Femme de Lettres, elle commença à écrire dès le plus jeune âge, des pièces de théâtre, en vers et même en prose. Elle aimait travailler son style, et y mettait beaucoup d’acharnement et de concentration. Elle savait nouer des relations, si bien qu’elle fit de belles rencontres, dont ses amis José-Maria de Heredia, Sully Prudhomme, François Coppée, mais aussi Juliette Adam ou encore la comtesse Anna de Noailles.

Nouveau nom, même succès

Excellente écrivaine, son style fut rapidement reconnu par l’Académie française qui lui décerna plusieurs prix de Littérature, dans des genres variés (roman, poésie, traduction…).

Le nom de Daniel Lesueur lui était imposé par son éditeur de ses premiers romans, Calmann-Lévy. Si celui-ci lui déplut, elle s’en accoûtuma au fil du temps. De plus, ce nom de Daniel Lesueur lui venait de son ancêtre maternel, Daniel O’Connell, et du nom de jeune fille de sa mère, Marie Henriette Lesueur.

Défendre la cause des femmes : l’engagement d’une vie

Adorée, décorée par tous ses contemporains, elle fut la première femme à recevoir la Légion d’Honneur puisqu’elle fut sacrée Chevalier en 1900, mais aussi la cinquième femme à être promue officier en 1913.

Talentueuse, Jeanne Loiseau était bilingue et aimait plus que tout défendre la cause des femmes grâce à son tact, et son côté diplomate. Elle créa diverses oeuvres philanthropiques, dont Le Denier des Veuves de la SGDL (en 1913), l’Aide aux femmes de Combattants (en 1914) et le Foyer du Soldat (en 1918, tout près du front).

daniel lesueur

Elles ont aussi opté pour un nom masculin :

George Sand, George Eliot, Laurent Danielle et Daniel-Lesueur ne sont pas les seules écrivaines à avoir opté pour un pseudonyme masculin.

En effet, il en existe une myriade, toutes aussi intrigantes les unes que les autres, que nous vous invitons à découvrir par vous-même

Marie D’Agoult, alias Daniel Stern

Elizabeth Mackintosh, alias Gordon Daviot

Victoire Léodile Bérat, alias André Léo

Marie de Hérédia, alias Gérard D’Ouville

Jeanne Philomène Laperche, alias Pierre de Coulevain

Alice Marie Céleste Durand, alias Henry Gréville

Marie-Anne Bertille de Beuverand de la Loyère (bravo si vous avez tout lu), alias Champol

Jeanne-Caroline Violet, alias Guy Chantepleure

Frédérique Audoin-Rouzeau, alias Fred Vargas

JK Rowling, alias Robert Galbraith (elle voulait s’essayer au roman policier, mais cela n’a pas marché car elle a vite été démasquée)

Violet Paget, alias Vernon Lee

La liste est longue…

 

 

 

 

 

 

 

 

Sur la route avec Gloria Steinem

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Gloria Steinem représente à merveille l’esprit Colette : journaliste, écrivaine, militante, elle est une figure féministe inspirante. Avec son livre, Ma Vie sur la route : Mémoires d’une icône féministe, on sillonne les États-Unis à travers ses combats.

vie
Ma Vie sur la route : Mémoires d’une icone féministe, éditions Harper Collins, mars 2020.

Ma Vie Sur la route, préfacé par Christiane Taubira, nous fait découvrir la vie passionnante de Gloria Steinem.

Libre et bohême

Aujourd’hui à 86 ans, elle fait le point sur le chemin parcouru, et y a de quoi être fière ! Toute sa vie, elle a parcouru les routes des États-Unis pour défendre l’égalité des droits. Itinérante assumée, sa trajectoire est faite de rencontres et de combats féministes.

Son amour pour la route, elle le doit à son père : « Je suis la fille de mon père » écrit-elle. Ce choix de vie nomade et bohème va à l’encontre des attentes de la société patriarcale des années 60. Si la place de la plupart des femmes à cette époque est souvent à la maison, Gloria choisit de prendre la route comme un homme. Gloria est libre, la route représente l’inattendu, le danger, les rencontres, les amitiés, le chemin du possible.

« Je peux partir parce que j’ai une maison qui m’attend. Je peux rentrer parce que je suis libre de partir. C’est l’alternance qui donne toute sa saveur à chacun  de ces modes de vies. C’est à la fois très ancien et très moderne. Nous avons besoin des deux. »

 

Faire entendre sa voix pour l’égalité des droits

D’abord journaliste dans un univers machiste, elle a réussi à faire porter sa voix à l’échelle du politique et encourager les prises de paroles des femmes.

Créatrice du premier magazine féministe Ms en 1971, elle retiendra de son voyage en Inde l’importance des cercles de parole qu’elle développera aux États-Unis. Inscrite au Women’s National Hall of Fame, elle fondera avec Jane Fonda et Robin Morgan le Women’s Media Center, une organisation visant à rendre les femmes plus présentes et plus visibles dans les médias. 

Son combat féministe rejoindra très vite les luttes des minorités raciales. Par la suite, elle participera aux campagnes présidentielles de Hillary Clinton et de Barack Obama.

Bref, vous l’aurez compris, tant qu’il y aura des injustices et des combats à mener, la route ne s’arrêtera pas pour Gloria Steinem.

Ce road trip aussi instructif que savoureux plein d’optimisme et de courage nous invite à voyager, à faire des rencontres et lutter tant qu’il faudra.

Boris Vian, le centenaire.

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En 2020, l’écrivain Boris Vian aurait eu 100 ans. Cet ovni à l’humour et à l’imagination sans borne a marqué la France et le monde de la Littérature.

Né en 1920 à Ville-d’Avray, il est diagnostiqué à l’âge de 15 ans d’une maladie du coeur. Si selon ses médécins, ses jours sont comptés, il ne s’éteindra qu’en 1959. Il a alors 39 ans.

Boris Vian – créateur, poète et perturbateur

Sa vie, il la dédiera, à chaque instant, à la création. Il aimait le Jazz, dont seront même empreintes ses œuvres. Parmi celles-ci, comment ne pas citer L’écume des jours, publié pour la première fois en 1947 aux éditions Gallimard, qui le propulsa au rang d’écrivain émérite et lui façonnera une renommée éternelle.

J’irais cracher sur vos tombes, publié un an plus tôt aux éditions du Scorpion, lui sert de défouloir face à la ségrégation américaine. Boris Vian y fustige la situation précaire des Noirs américains et le racisme particulièrement omniprésent dans le Sud des États-Unis.

Musicien, M. Vian était également parolier, et vous devez sûrement déjà avoir entendu la chanson du Déserteur, tristement censurée pendant la Guerre d’Algérie.

Écrivain engagé, âme libre, on pouvait facilement le qualifier d’anticonformiste, qui n’avait pas peur d’aimer, et de réfléchir au sens de la vie, ou à l’inéluctable mort.

Pour vous rappeler de son passage fugace mais si pertinent sur Terre, nous vous proposons de découvrir cette fois-ci cet auteur sous un autre visage assez peu connu, celui du poète.

Tout de suite… Quelques-uns de nos poèmes préférés !

La vie, c’est comme une dent

La vie, c’est comme une dent
D’abord on y a pas pensé
On s’est contenté de mâcher
Et puis ça se gâte soudain
Ça vous fait mal, et on y tient
Et on la soigne et les soucis
Et pour qu’on soit vraiment guéri
Il faut vous l’arracher, la vie

Pourquoi que je vis

Pourquoi que je vis
Pour la jambe jaune
D’une femme blonde
Appuyée au mur
Sous le plein soleil
Pour la voile ronde
D’un pointu du port
Pour l’ombre des stores
Le café glacé
Qu’on boit dans un tube
Pour toucher le sable
Voir le fond de l’eau
Qui devient si bleu
Qui descend si bas
Avec les poissons
Les calmes poissons
Ils paissent le fond
Volent au-dessus
Des algues cheveux
Comme zoizeaux lents
Comme zoizeaux bleus
Pourquoi que je vis
Parce que c’est joli

J’aimerais

J’aimerais
Devenir un grand poète
Et les gens me mettraient
Plein de lauriers sur la tête
Mais voilà
Je n’ai pas
Assez de goût pour les livres
Et je songe trop à vivre
Et je pense trop aux gens
Pour être toujours content
De n’écrire que du vent.

Berceuse pour les ours qui ne sont pas là

Oursi ourson ourzoula
Je voudrais que tu sois là
que tu frappes à la porte
Et tu me dirais c’est moi
Devine ce que je t’apporte
Et tu m’apporterais toi(…)

Cette année, Ça m’apprendra à dire des conneries est paru aux Éditions 1001 Nuits. Il s’agit d’un recueil de citations, pour certaines inédites, qui vous en apprendront plus sur la vision de cet homme et de ses pensées parfois… farfelues 💫

La seule vérité en fin de compte, c’est de mener une vie passionnée, même si elle se rebelle et vous frappe au visage.

Nos poèmes préférés d’Andrée Chedid

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Andrée Chedid, grande poétesse syro-libanaise, a marqué les lycéens du BAC 2019. En effet, ils étaient nombreux à ne pas savoir qu’il s’agissait bien d’une femme et non d’un homme.

L’an dernier, les élèves de Terminale devaient plancher sur le poème « Destination : arbre » issu du recueil Tant de corps et tant d’âmes, publié en 1991. Ce dernier a donné du fil à retordre aux jeunes étudiants… Et pourtant, Madame Chedid, on l’adore !

Voici quelques poèmes incontournables de la grand-mère du chanteur M, immense prêtresse de la poésie et de la littérature.

Destination : arbre

Parcourir l’Arbre
Se lier aux jardins
Se mêler aux forêts
Plonger au fond des terres
Pour renaître de l’argile

Peu à peu

S’affranchir des sols et des racines

Gravir lentement le fût

Envahir la charpente

Se greffer aux branchages

Puis dans un éclat de feuilles
Embrasser l’espace
Résister aux orages
Déchiffrer les soleils
Affronter jour et nuit

Evoquer ensuite
Au cœur d’une métropole
Un arbre un seul
Enclos dans l’asphalte Éloigné des jardins
Orphelin des forêts

Un arbre

Au tronc rêche

Aux branches taries

Aux feuilles longuement éteintes

S’unir à cette soif
Rejoindre cette retraite
Ecouter ces appels

Sentir sous l’écorce
Captives mais invincibles
La montée des sèves
La pression des bourgeons
Semblables aux rêves tenaces
Qui fortifient nos vies

Cheminer d’arbre en arbre
Explorant l’éphémère
Aller d’arbre en arbre
Dépistant la durée.

Les Saisons du Sang

J’ai des saisons dans le sang

J’ai le battement des mers
J’ai le tassement des montagnes
J’ai les tensions de l’orage
La rémission des vallées

J’ai des saisons dans le sang

J’ai des algues qui me retiennent
J’ai des hélices pour l’éveil
J’ai des noyades
J’ai des leviers

J’ai des entraves
J’ai délivrance
J’ai des combats
J’ai fleur et paix.

Ce que nous sommes

Tu es radeau dans l’éclaircie

Tu es silence dans les villes

Tu es debout

Tu gravites

Tu es rapt d’infini

Mais tel que je suis

que j’écris que je tremble

Je te sais parfois

refroidi de toi-même

quand les fables et le sel t’ont quitté!

Je te sais
Tantôt mutilé
Tantôt espace
Tantôt épave
Ou illumination

Je te sais

disloqué par les parcelles du monde

Mais je te sais

De face

Dans la forge de ton feu.

Regarder l’enfance

Jusqu’aux bords de ta vie
Tu porteras ton enfance
Ses fables et ses larmes
Ses grelots et ses peurs

Tout au long de tes jours
Te précède ton enfance
Entravant ta marche
Ou te frayant chemin

Singulier et magique
L’œil de ton enfance
Qui détient à sa source
L’univers des regards.

La femme des longues patiences

Dans les sèves
Dans sa fièvre Écartant ses voiles
Craquant ses carapaces
Glissant hors de ses peaux

La femme des longues patiences se met lentement au monde

Dans ses volcans

Dans ses vergers

Cherchant cadence et gravitations

Étreignant sa chair la plus tendre

Questionnant ses fibres les plus rabotées

La femme des longues patiences se donne lentement le jour.

Épreuves de la beauté

En ces aubes où fermente la nuit

De quel élan

gravir?

De quel œil contempler

villes visages siècles douleurs espérance?

De quelles mains creuser un sol toujours fécond?

De quelle tendresse chérir vie et terre
Abolir la distance
Cicatriser l’entaille?

A quelle lumière découvrir la beauté des choses
Obstinément intacte sous le squame des malheurs?

Nuits

Agrippés par les ronces de la nuit

Les brasiers du soleil

S’engloutissent

Au fond de grottes éteintes

Le jour se débat encore
Dans nos mémoires

Avant de sombrer
Dans l’antre
Enchevêtré d’images
Qui double obstinément
Nos vies.

Vivre

Ces corps n’ont pas eu lieu
Ni ces cœurs ni ces nuits

Sans les fleuves de l’émoi
Rien rien ne s’assemble

Il nous faut le partage
Il nous faut l’incendie

Pour que s’amorce la source
Pour que vive la vie.

Je revenais des autres

Je revenais des autres chaque fois guéri de moi

A l’abri d’un sourire

D’un geste qui donnait champ

Des moissons d’une parole

Je quittais citernes et mirages

du chagrin pour une sorte de bonheur

Le bonheur?

La parole est captive

La
Parole est captive

Parfois son souffle déborde
Et nous parvient

Alors bousculant nos vannes
Roulant nos mots hors de l’ornière
Réduisant nos rocs en cendres
Elle combat les ruses du fleuve
Se jette contre nos rivages
Dévaste le cours du temps

Plus souvent nos mots
Réduisent l’eau prodigue

Alors les canaux s’enchâssent
Le grand flot nous déserte
Laissant une fois de plus
Notre paysage à sec.

Et vous, quel est votre poème préféré ? 

Partagez-le avec nous en commentaire 🙂

Rédaction web : les 5 clichés du métier ✒️

rédaction web

Pour certains, écrire des articles relève du simple passe-temps, un hobby ordinaire, tantôt chronophage, tantôt exaltant. Pourtant, la rédaction web, c’est un vrai secteur, un vrai métier, qui n’est pas à la portée de tout le monde, même s’il est très prisé ces derniers temps.

Alors c’est parti pour un petit brainsto’ des 5 clichés qui perdurent, menant la vie dure à de nombreux rédacteurs et rédactrices partout en France.

« Ce n’est pas intéressant »

La rédaction web ? Non merci, sans façon, ça ne m’intéresse pas, répondent souvent ceux qui ne connaissent rien au métier. Pourtant, cela revient presqu’à dire que l’écriture ne sert à rien.

Autant dire qu’on sait tous à quel point l’écrit, malgré toutes les dernières avancées en matière de communication,  reste indispensable. Nous envoyons tous des textos, des messages via les messageries Facebook, WhatsApp, ou encore Instagram. Nous sommes tous des accros aux petites anecdotes entre potes sur smartphone.

Mais au fait, comment on se raconte des histoires au quotidien, et à distance ? En passant par notre clavier.

écrire rédaction

De plus, la rédaction web n’est pas centrée sur elle-même, les rédacteurs sont peu nombreux en général à se consacrer uniquement au thème de la rédaction elle-même, non il s’agit très souvent pour eux d’aborder toutes sortes de thématiques très variées, du digital, au monde du travail, en passant par l’environnement, l’égalité, la peinture, la musique, le chant, l’Histoire, la Géographie, la Politique

Si vous avez un diplôme de Géopolitique, vous pourriez très bien tenter votre chance auprès de journaux ou de magazines branchés conflits internationaux par exemple.

Si vous avez un diplôme de Lettres modernes, pourquoi ne pas vous lancer dans la critique littéraire, ou même, lancer votre propre blog de littérature ?

Ce qu’il y a de génial dans la rédaction web, c’est la polyvalence, le côté touche-à-tout.

Alors lâchez-vous, et tentez l’expérience !

« Ça ne rapporte pas assez »

Si le métier de journalisme détient sans doute la palme d’or de la précarité, la rédaction web, ce n’est pas tout à fait la même chose (et quand bien même, me direz-vous, certains journalistes s’en sortent à merveille grâce à leur réseau). En effet, la rédaction web se pratique souvent avec un statut de freelance, donc d’auto-entrepreneur.

En freelance, les tarifs pratiqués en rédaction web ne correspondent pas à ceux des piges. Par exemple, pour des articles de 500 mots, vous pouvez très bien être rémunéré 150 € et plus, selon votre employeur. La grille tarifaire varie selon votre niveau, votre expérience, vos savoirs-faire en termes de SEO, votre style, mais surtout vos besoins.

Vous devenez votre propre boss !

rédaction business

À noter également qu’en tant que rédacteur ou rédactrice web en freelance, vous pouvez développer votre propre portefeuille clients.

Exemple : si une boite d’électroménager vous contacte pour rédiger des articles sur leur derniers modèles d’aspirateurs, rien ne vous empêche d’accepter cette autre mission rédactionnelle que vous propose votre coach Yoga préféré.

Qu’est-ce que ça veut dire ? Que vous pouvez cumuler plusieurs revenus en même temps, à condition d’avoir assez de temps pour mener à bien vos objectifs.

Autrement dit…

C’est la Li-ber-té ! Thématique, et financière.

« Écrire pour Google ? Non mais allô ! »

J’entends autour de moi des petites rumeurs amusantes qui se créent, selon lesquelles écrire pour le web revient uniquement à contenter les algorithmes Google. C’est plutôt à ce type d’énormes clichés que j’ai envie de crier : « non mais allô ! »

Non mais allô : Google en 2020, ce n’est plus la top priority des rédacteurs web, même si bien sûr toutes les entreprises souhaitent apparaître en page 1 sur Google, ça ce n’est un secret pour personne. Cela dit, ce qui est vital ces derniers temps, c’est l’aspect humain, et le lien créé entre le rédacteur et son lecteur.

C’est bien de savoir écrire, encore faut-il intéresser une communauté !

écrire communauté

Si vous écrivez un article intitulé « Les chaussettes de l’archiduchesses, un bon rapport qualité prix ? » mais que le contenu de celui-ci est centré sur la personnalité de l’archiduchesse, c’est mauvais Jack. Tout le monde s’en fout de l’archiduchesse, ce que les lecteurs veulent connaître, c’est la matière des chaussettes : est-elle soyeuse ? Rugueuse ? Sont-ce des chaussettes de luxe, ou réservées à de pauvres hères ? Et ces chaussettes, combien coûtent-elles ?

Bref, il faut arriver à captiver l’attention, non pas de Google, qui est loin d’être ce grand manitou imaginaire auxquels tout le monde semble se référer, mais de vos lecteurs, selon leurs intérêts, selon votre cible (les jeunes, les adultes, les personnes âgées…).

Ce qui compte c’est la PER-TI-NENCE ! L’attribut essentiel d’un bon article.

« J’ai eu 20 en Français au BAC. Écrire ? Trop easy »

OK, pour certains génies de la langue Française, l’écriture, c’est du gâteau. 

Néanmoins, la rédaction web, c’est un peu différent. Déjà, tu n’écris plus sur une feuille quadrillée format A4, et tu ne dois pas rendre de copie à Madame Caznov, la sexagénaire sexy et sympathique dont tu étais le petit chouchou – ou chouchoute en Terminale B.

Là, il s’agit d’écrire pour un très grand nombre de personnes, y compris celles et ceux qui ne comprennent rien au sujet que tu traites. Il faudra donc veiller à être précis, concis, direct, ne pas utiliser de termes trop péremptoires, selon, bien sûr, le site pour lequel tu écris. Excuse-nous si tu as déjà écrit dans les Cahiers du Cinéma, là bien sûr, c’est une autre histoire.

écrire easy

Il faut également garder à l’esprit la stratégie de contenu du journal, du magazine ou de l’entreprise pour lequel – laquelle vous rédigez. Autre prérequis important : connaître les bases du référencement naturel.

Si les balises H1 / H2 / H3 ne vous parlent pas, nous vous recommandons de faire quelques petites formations avant de songer sérieusement au métier. Il existe également des cours et des tutos en ligne pour tous ceux qui débutent.

La clé ? Savoir respecter une ligne éditoriale, et comprendre les enjeux du SEO.

« La rédaction web ? OK, si je n’ai pas le choix. »

Pour d’autres, la rédaction web, c’est quasiment une insulte réservée à ces pauvres chômeurs qui n’ont pas trouvé de meilleur emploi.

Figurez-vous qu’on est quand même hyper nombreux à vouloir faire de notre passion un métier, et pour ma part, l’écriture est ma passion. En vivre, ce serait donc mon rêve. Pour moi et pour beaucoup d’entre nous, je ne pense trahir personne en affirmant que l’écriture est bien plus qu’un simple loisir.

écriture rêve dream

La rédaction web nous aide d’ailleurs à vivre plus sereinement dans cette société hyper connecté, cette activité s’avère très épanouissante sur le long terme, puisque grâce à elle nous pouvons communiquer nos envies, nos passions, nos désirs. Écrire, c’est aussi partager, créer, inspirer, insuffler à des lecteurs un élan, celui de continuer à lire, celui de se lancer dans l’écriture

Écrire, c’est un choix de vie galvanisant et stimulant pour ceux qui osent s’y aventurer.

Alors pourquoi ne pas essayer ? ☺️

 

 

 

Littérature jeunesse : les livres à offrir aux enfants et adolescents pour Noël 📖

Noël livres

Le père Noël va passer ! C’est le moment de gâter vos petiots, vos petits cousins, neveux, nièces, bref, c’est l’heure de régaler vos marmots avec des mots qui font réfléchir et contribuent à leur apprentissage de la vie. 

On vous a concocté une petite sélection d’incontournables ouvrages à offrir aux enfants et adolescents pour Noël… Vous nous en direz des nouvelles !

Le Livre De Némo – un livre ludique et philosophique

Némo est un petit garçon qui se réveille un matin en ne se souvenant plus de rien. Il doit donc tout réapprendre, découvrir les mystères de l’univers en suivant les traces de tout ce qui a conduit à sa naissance. Au cours d’un long voyage didactique, il va percer les secrets de notre planète et de son Histoire, sillonner la grotte de Lascaux, se balader en Égypte ancienne

L’objectif ? Nous en apprendre un peu plus sur l’Homme et la Nature.

Simple, facile à lire, vous pouvez offrir ce livre à un préado, ou du moins à un enfant mature, âgé de 10 à 13 ans.

Le Livre De Némo, Nicole Bacharan et Dominique Simonnet, Éd. Seuil, 2001.

livre de Nemo

Mon nez, mon chat, l’amour et moi – un livre pour ados

Votre loustique est en pleine crise d’adolescence ? Ce roman s’avère parfait pour pallier aux cris et aux claquements de porte incessants. L’héroïne, Georgia Nicolson parle de ses complexes sans tabou, de sa vie mouvementée, et de ses histoires d’amour toutes plus drôles les unes que les autres dans son journal intime… Quant à son chat, son compagnon de tous les jours, elle ne saurait s’en passer !

Si vous êtes deux jeunes parents soucieux du rebelle naissant que devient votre adolescent de 14 ou 15 ans, lui offrir revient à obtenir deux bonnes heures de calme et de repos bien méritées.

Mon nez, mon chat, l’amour et moi, Louise Renninson, Éd. Gallimard jeunesse, 1999.

mon nez mon chat l'amour et moi

À l’Est du Soleil, à l’Ouest de la Lune – un conte de Noël

Un soir d’hiver et de tempête (peut-être à Noël qui sait), un grand ours blanc vient frapper à la porte d’un pauvre paysan. Ce grand ours majestueux lui promet de devenir extrêmement riche, à condition qu’il lui livre la plus belle de ses enfants en échange. Refusant d’abord l’offre de l’ours blanc, la plus ravissante des jeunes filles finit par accepter le marché pour sauver son vieux père, et embarque sur le dos de l’ours, qui l’emmène alors dans un somptueux château, et l’invite à manger et boire autant qu’elle le désire.

Mais le soir venu, alors qu’elle vient à peine de s’endormir, elle sent une présence masculine s’approcher d’elle, et disparaître avant l’aube. Elle en tombe amoureuse, et souhaite à tout prix voir son visage, mais le jeune homme s’y oppose. Têtue, elle s’obstine et parvient à le regarder à la lumière d’une bougie. Une malédiction s’abat alors sur le prince, et la jeune femme, éprise de ce beau jeune homme, va tout faire pour le retrouver, aux quatres coins de la Terre

Inspiré d’Éros et Psyché, ce conte va émerveiller ses petits lecteurs, âgés entre 6 et 9 ans, et leur donner envie de créer, d’imaginer de belles histoires plus féériques les unes que les autres.

À l’Est du Soleil, à l’Ouest de la lune, Peter Christen Asbjornsen, P. J. Lynch, 1991.

à l'est du soleil

ABC de la nature – un abécédaire illustré

Le jury composé d’enfants et d’adolescents du Salon de la littérature jeunesse de Montreuil a tranché : la pépite d’or revient à ABC de la nature, un petit livre d’images et de lettres, pour appréhender visuellement tous ces mots qui paraissent si compliqués quand on est tout petit.

À dénicher juste avant Noël, ce livre convient aux plus jeunes (3 à 5 ans).

ABC de la nature, Bernadette Gervais, Éd. des Grandes Personnes, 2020

abc de la nature

L’Arbre Sans Fin – un livre illustré destiné aux rêveurs

Pour comprendre l’inconscient et ses labyrinthes infinis, quoi de mieux qu’une belle histoire qui commence dans un arbre et se poursuit dans ses racines. Cette drôle d’aventure n’est ni plus ni moins qu’un rêve, où le lecteur est invité à se perdre. L’auteur nous emmène dans son univers onirique et nous propose des pistes face aux thèmes existentiels, tels que la mort, l’identité, le deuil, ou encore la maturité. Impossible de ne pas fondre devant la petite Hipolène, l’héroïne de ce court récit illustré, qui d’ailleurs, se transforme littéralement… En larme !

Nous vous recommandons chaudement d’offrir ce livre à un enfant âgé entre 7 et 10 ans, c’est un ouvrage d’une rare poésie, parfait pour leur apprendre les grands tournants de la vie.

L’Arbre Sans Fin, Claude Ponti, Éd. L’école des Loisirs, 1992.

arbre sans fin

Le Monde de Sophie – un roman philosophique

Sophie a 14 ans, et reçoit d’étranges lettres anonymes. La première demande tout simplement « Qui es-tu ? » et cette première interrogation va conduire Sophie à s’interroger sur elle-même, sur ses valeurs et aspirations. Au cours d’un long voyage épistolaire, notre héroïne va découvrir toutes les grandes figures de la Philosophie, et se poser des questions à la fois existentielles, mais surtout intemporelles.

Passionnant, ce livre rend hommage à de grands esprits et permet aux jeunes ados ou préados (13 à 18 ans) de s’ouvrir un peu plus au monde qui nous entoure.

Le Monde de Sophie, Jostein Gaarder, Éd. Point, 1999.

monde de sophie

Le Petit Prince – un livre symbolique et amusant

Comment créer une bonne sélection de livres pour enfants sans parler du Petit Prince ? Le narrateur, un aviateur, se pose en urgence en plein désert du Sahara pour réparer son avion. Le lendemain, il est réveillé par un drôle d’enfant, qui ne cesse de lui demander : « s’il te plaît, dessine-moi un mouton« . Concentré, l’aviateur lui dessine plusieurs sortes de moutons mais aucun ne semble convenir au petit garçon. Il finit par dessiner la cage du mouton, et son interlocuteur est ravi, persuadé que le mouton s’est « endormi ».

Petit à petit, le petit garçon narre son histoire à l’aviateur, et le lecteur s’aperçoit qu’il vient en fait d’une autre planète, qui n’a rien à voir avec celle-ci puisqu’il s’agit de l’astéroïde B612… 

Découvrez vite la suite de cette histoire mondialement connue, et offrez-là à un enfant curieux et futé, âgé entre 7 et 10 ans.

Le Petit Prince, Antoine de Saint-Exupéry, Éd. Reynal & Hitchcock, 1943.

le petit prince

Au lit petit lapin – un petit livre pour parents fatigués

Si vous connaissez un petit bout de chou qui a du mal à s’endormir, cette petite histoire touchante est idéale pour lui expliquer à quel point c’est important de dormir et de rêver. Mais bien sûr, sans oublier le brossage de dents, le pyjama, et le bisou à maman et à papa ! Qui d’ailleurs, devraient pouvoir dormir sur leurs deux oreilles une fois la lecture de ce petit livre achevée.

Au lit petit lapin, Jörg Mühle, Éd. Pastel, 2016.

au lit petit lapin

Chien bleu – un album jeunesse sur la peur de l’autre

En pleine nuit, un chien va à la rencontre de Charlotte, une petite fille qui l’adore et voudrait bien l’adopter. Sauf que ses parents ne sont pas d’accord, et ça complique l’histoire ! Ce conte merveilleux narre une amitié extraordinaire entre un chien qui n’est pas comme les autres, mais qui est aussi unique au monde, et une petite fille dégourdie et téméraire. Cet album aborde subtilement la question de la différence, du rapport à l’autre, et du partage.

Accessible dès 3 ans, ce récit a déjà obtenu de nombreux prix, et ses illustrations valent le détour.

Chien bleu, Nadja, Éd. l’école des loisirs, 1989.

chien bleu

Le Loup qui – une série d’albums pour apprendre à lire

« Le loup qui » est une série d’albums pour apprendre à lire aux enfants. Le dernier en date, le loup qui n’aimait pas Noël, raconte l’histoire d’un petit loup qui déteste le 24 décembre et toutes les traditions qui forment l’esprit de Noël. Lui, Noël, ça l’agace, ça l’énerve… Mais heureusement, d’autres personnages parviendront à le convaincre que c’est aussi l’occasion de passer un super moment avec ses proches.

Tous « les loup qui » conviennent aux enfants âgés entre 4 et 7 ans.

Le Loup Qui N’aimait Pas Noël, Orianne Lallemand et Éléonore Thuillier, Éd. Auzou Philippe, 2013.

le loup qui

Vous avez déjà plein d’idées ? Dites-nous tout en commentaire 🥰

Les BD à dévorer à Noël ! 🎄

Une sélection Colette Magazine

Les fêtes de fin d’année approchent à grands pas. Le père Noël, ce bon vieux grand-père généreux comme pas deux, a-t-il pensé à vous et à votre passion pour les Bandes Dessinées ? Si ce n’est pas le cas faites-vous plaisir, car après tout… On n’est jamais mieux servi que par soi-même.

Voici donc pour vos beaux yeux une petite liste de belles BD à feuilleter cet hiver au coin du feu.

Ab Absurdo, tome 4 – Marc Dubuisson

Si le dessinateur Marc Dubuisson admet volontiers, lorsqu’on l’interroge, qu’il n’avait pas vocation à le devenir, ce n’est pas si difficile à croire au vu des bonhommes batons à se tordre de rire qu’il nous concocte tous les ans, pour notre plus grand plaisir.

ab absurdo

Sa passion ? Les strips absurdes, par lesquels il nous communique gaiement son point de vue désabusé sur les actualités marquantes de notre quotidien. Mélange subtil entre humour de Ionesco et politique mondiale, Marc Dubuisson dessine au présent.

Fin veilleur du moindre événement français, belge ou planétaire, la spécialité du dessinateur des tomes 1, 2, 3 et 4 de la série Ab Absurdo réside, comme son nom l’indique, dans la démonstration de l’incommensurable absurdité d’une majorité de décisions politiques quelles qu’elles soient.

Donnant à penser, à réfléchir tant à nos actions individuelles qu’à la domination des élites et leurs préjugés, ses bonhommes décoiffent et ne laissent pas indifférents…

Vous pouvez acquérir le dernier exemplaire Ab Absurdo sur le site officiel de la librairie des éditions Lapin. Au programme de ce tome 4 : masques anti-covid, whatsappero décapants, frasques politiques exaltantes. À votre santé !

L’Arabe du futur, tome 5 – Riad Sattouf

Né à Paris en 1978 d’un père syrien et d’une mère française, Riad Sattouf a grandi en Lybie et en Syrie et a reçu une éducation musulmane, avant de revenir en France pour découvrir… Tintin, ces aventures extraordinaires qui marqueront sa vie et fixeront son destin.

larabe du futur 5

S’il passe son bac à Rennes puis entre en écoles d’arts appliqués à Nantes, c’est aux Gobelins que ses talents seront repérés et appréciés. De succès en succès, il en arrive à créer son propre atelier avec Blain, Sapin et Sfar en 2002.

En 2009, il réalise les Beaux Gosses, une comédie française d’une lucidité rare sur la jeunesse de l’époque, vu et re-revu par bon nombre d’enfants issus de la génération Y (dont je fais partie). C’est grâce à ce long-métrage que le grand public découvre avec enthousiasme un acteur prometteur : Vincent Lacoste.

En parallèle, il dessine pour Charlie Hebdo dans sa propre rubrique intitulée « La vie secrète des jeunes ». Si à l’époque les beaux-gosses rencontrent un succès mitigé au box office, cela permet néanmoins à Riad Sattouf de revenir à la bande-dessinée.

En 2014, l’Arabe du Futur paraît, et grâce à son oeuvre autobiographique, la renommée du dessinateur devient internationale. Ses dessins, simples, drôles et efficaces, mettent en scène sa jeunesse en Lybie sous le régime de Khadafi, et en Syrie, sous Hafez-al-Assad (1974-1978). Son adolescence unique en son genre pique notre curiosité, et nous fait rire, rêver, pleurer.

Le tome 5 signe l’avant-dernière aventure du dessinateur, qui serait actuellement en train d’écrire le sixième et dernier tome. Encore une fois, on y voit un jeune adolescent troublé dans sa quête existentielle par sa difficulté à trouver sa place dans le monde, ému par sa mère qui tente de le récupérer, et se remémorant les paroles de son père et des traditions syriennes…

Des heures ne suffiraient pas à vous convaincre d’y plonger. Alors, osez vous faire vous même votre propre opinion, et faites-en l’acquisition dans la librairie la plus proche.

L’Arabe du futur, tome 5 aux éditions Allary.

Sapiens, la naissance de l’humanité, tome 1 – Harari, Vandermeulen et Casanave

sapiens la naissanceEt si on s’arrêtait deux minutes sur… L’humanité ?

Est-on sûr de tout savoir, tout connaître ? Ce n’est sûrement pas pour rien que notre vieil ami Socrate disait :  « je sais que je ne sais pas ». Si ce fameux  « ἕν οἶδα ὅτι οὐδὲν οἶδα » (la même chose, en grec ancien) donne à philosopher, avec le premier tome de Yuval Noah Harrari, David Vandermeulen et Daniel Casanave, c’est l’Histoire tout entière qui est élégamment mise en lumière.

Avec humour, ces trois acolytes nous narrent des faits historiques et scientifiques ayant forgé l’évolution de notre espèce.

Parfait pour traverser une crise d’ado, cet ouvrage permet de nous remettre les pieds sur Terre à la recherche de notre origine première. Si vous êtes de nature à vous demander en permanence :

« POURQUOI NOUS LES HUMAINS ON N’EST PAS COMME LES ANIMAUX ? »

« POURQUOI NOS VIEUX ÉTAIENT SUPER-AGGRESSIFS DANS LE TEMPS ALORS QUE MAINTENANT TOUT LE MONDE EST HYPER RELAX ? »

« COMMENT LES PREMIERS HOMMES FAISAIENT L’AMOUR ?! »

Alors oui, je crois que cette BD apaisera vos esprits torturés.

Calmez-vous, prenez une tisane, et découvrez les secrets de l’Homme grâce à ce bijou dessiné, Sapiens, la naissance de l’humanité, paru aux éditions Albin Michel.

La Rose la plus rouge s’épanouit – Liv Strömquist

Si certains d’entre nous étaient déjà tombés raides dingues de la dessinatrice et son Origine du monde, ceux qui ne la connaissent pas peuvent encore la découvrir grâce à sa dernière bande dessinée intitulée la Rose la plus rouge s’épanouit.

la rose la plus rouge sepanouitÀ nouveau l’autrice suédoise nous surprend avec ce délicieux hommage à la poétesse américaine Hilda Doolittle. L’objectif ? Analyser l’amour à l’ère du capitalisme et de la société de consommation.

Sommes-nous toutes des roses destinées à rougir puis à fâner éternellement ? Au temps des applis de rencontre et du polyamour, quelle place est censée occuper le sentiment amoureux ? N’est-ce qu’un sentiment passager, voué à ne pas s’éterniser ?

Et puis d’ailleurs, pourquoi l’amour, ça ne finit pas toujours très bien, en général ?

Tant de questions auxquelles la dessinatrice vous propose des pistes multiples, pour mieux se frayer un chemin dans l’éros, et observer les coulisses et les mécanismes de la passion.

Alors, suivez le guide et pénétrez dans l’univers humoristique et coloré d’une dessinatrice suédoise qu’on ne prend même plus la peine de nommer, à force de succès.

La Rose la plus rouge s’épanouit de Liv Strömquist, aux éditions Rackham

Peau d’Homme – Zanzim et Hubert

Détour en Belgique, cet hiver, avec une pépite signée Zanzim et Hubert. Abordant le féminisme non pas de plein fouet mais de manière décalée, le dessinateur Zanzim et le scénariste Hubert nous emmènent à Florence à la Renaissance.

peaudhommeÀ l’intérieur de cette ville se joue une transition douloureuse mais nécessaire entre la religion, liée aux traditions, aux coûtumes ancestrales, et l’humanisme, qui vient transgresser la religion et bousculer la notion de Dieu pour mettre en valeur l’Homme et la dignité de son esprit.

Le lecteur suit l’évolution d’une jeune fille condamnée à un mariage arrangé. Celui-ci doit avoir lieu dans très peu de temps…

Mais sa famille est loin d’être ordinaire : toutes les femmes qui la composent ont la possibilité, magique, de revêtir une apparence d’homme, afin de vivre quelques heures dans la peau de leurs confrères masculins.

Cette jeune fille évoquée plus haut ne se marie pas immédiatement et à la place, se fond dans sa peau d’Homme grâce à laquelle elle va vivre une épopée singulière…

Si vous n’avez pas encore l’eau à la bouche avec ce synopsis déjanté, sachez qu’au fil des pages, de nombreux problèmes actuels seront traités avec beaucoup de finesse, mais aussi beaucoup d’informations et de documentations sur l’époque de la Renaissance.

Bonne lecture !

Peau d’Homme, Zanzim et Hubert aux éditions Glénat.